Lili, la Freudreuse

Pièce de théâtre écrite en 1965 par Peter Schaffer, Black Comedy est assez originale avec beaucoup d'humour visuel, des quiproquos et du burlesque. Un artiste reçoit chez lui un richissime amateur d'art en vue de lui présenter des œuvres et de lui en vendre au meilleur prix.

Mais la pièce commence dans le noir. En effet, l'électricité a sauté dans tout l'immeuble. Cette panne de courant va créer des situations rocambolesques et drôlissimes. J'avais tout à fait compris le concept dans les premières minutes du spectacle. En fait, quand les personnages ont une source de lumière, la scène est sombre et les personnages voient comme nous. Mais quand ils se trouvent dans un noir complet, les spots éclairent la scène et là, les spectateurs voient les personnages avancer à tâtons, se cogner aux meubles...

Franchement j'ai vraiment beaucoup ri. Même si j'ai mis du temps à comprendre la mécanique. Mais la pièce monte en puissance. Il y a eu des moments où j'ai éclaté de rires. J'ai un rire un peu sonore, cela me gênait un peu, j'ai essayé de me retenir, puis je me laissais surprendre et je riais encore plus fort.

L'humour convient bien à cette salle mythique du théâtre du Splendid. Arthur Jugnot, Melanie Page, Virginie Lemoine mais aussi Laurent Richard, Bertrand Degrémont, Anouk Viale et Rémy Roubakha constituent l'ensemble de la distribution et ils sont tous vraiment top. C'est un spectacle à recommander !

Au théâtre du Splendid jusqu'au 28 mai 2022 : plus d'informations

Le rideau se lève et nous découvrons Monsieur et Madame Bélier en train de manger. Puis le téléphone sonne alors qu'ils n'ont pas téléphone. L'interlocuteur cherche à joindre Monsieur Schmitt. En raccrochant, ce couple se rend compte que leurs affaires ne sont plus là. Le portrait de la mère de monsieur a été remplacé par une peinture du chien. Les livres sur les étagères ne sont pas les leurs. La situation est étrange, mais peu importe. Ils commencent à s'inquiéter quand un policier débarque. Ils sont incapables d'ouvrir leur porte.

De cette situation ubuesque, les personnages s'interrogent sur qui ils sont. Un psy débarque et parle à Monsieur pour le convaincre d'accepter de devenir Monsieur Schmitt. Il essaie de convaincre le policier qu'il est bien Monsieur Schmitt pour ne pas être pris pour un voleur mais face au psy, il veut être Monsieur Bélier.

Je ne dévoile pas la scène finale. Mais j'ai eu du mal à me mettre à applaudir. Un peu sous le choc de la conclusion choisie. J'ai trouvé que cela n'expliquait rien et qu'il n'y avait pas de résolution. J'ai passé du temps les jours suivants à essayer de comprendre dans un sens ou dans un autre. Voire même si aucune explication s'imposait à essayer de définir si un message se dessinait. Mais je ne suis pas arrivée à aboutir à quelque chose.

La pièce avec ses situations absurdes est drôle. J'ai trouvé les comédiens très justes. Surtout les hommes, parce que Valérie Bonneton m'a semblé un peu en dessous. Peut-être était-ce une soirée avec un coup de moins bien. Car je sais que c'est une bonne comédienne. Le décor est posé et ne bouge pas d'un iota. La mise en scène est classique et fonctionne bien. 

Par contre, (mais cela n'a rien à voir avec la pièce), deux parisiennes, un peu cliché, étaient derrière mon amie et moi et étaient très pénibles. Entre les coups de pieds dans le fauteuil, le souffle dans mon cou, les éclats de rire dans mon oreille, c'était une première soirée sans le masque où il m'a bien manqué ! Le masque aurait peut-être évité le souffle dans le cou. Au moins ça ! Un vendredi soir à Paris, au théâtre Edouard VII il y a du monde et il faut s'y habituer ou se réhabituer.

C'est une pièce intéressante, qui laisse un peu perplexe, mais dans le bon sens du terme. Je conseillerai aux amateurs de l'univers de Stéphane De Groodt. Avec de l'absurde, un peu de non-sens, de l'humour et de la réflexion.

A l'origine, Les producteurs est le premier film réalisé par Mel Brooks, sorti en 1968. Le film a reçu l'oscar du meilleur scénario original. Mais le spectacle proposé en cet hiver 2021 au théâtre de Paris est une adaptation par Alexis Michalik. Les comédiens vont chanter en français et assurer le show avec paillettes et claquettes pendant deux heures d'un spectacle drôle.

L'histoire raconte la rencontre d'un producteur Max qui enchaine les échecs et un comptable Leon qui rêve de devenir un producteur à Broadway. Le comptable constate qu'un producteur gagnerait plus en faisant un bide qu'un succès et là Max propose à Leon de s'associer pour monter la pire pièce avec le pire metteur en scène et les pires comédiens et ainsi remporter le pactole. Et ils vont choisir la pièce "des fleurs pour Hitler". Max récupère la mise de départ auprès de vieilles dames en manque de contact humain.

Je vous laisse découvrir comment la pièce va se monter et comment se déroulera la première. Je peux vous dire en tout cas que j'ai beaucoup rigolé et j'ai adoré. J'ai peu de reproches à faire. La version française et surtout des balances à revoir nous empêche parfois de bien entendre toutes les répliques. Les comédiens chanteurs nous démontrent leur qualité de jeu, de chant et de danse sans répits. L'adaptation en français n'est pas simple mais arrive à garder l'esprit de Mel Brooks tout en ajoutant des références à la culture populaire française. La musique en live nous embarque dans l'esprit de Broadway avec de nombreux morceaux de claquettes plutôt bien réussis.

On retrouve la touche typique de la mise en scène d'Alexis Michalik. Le spectacle tourbillonne d'un scène à l'autre. Certains comédiens passent d'un personnage à l'autre en quelques secondes par un costume. Et le salut est vraiment selon ses ordres, car dans les comédies musicales comme dans les opéras, les saluts se font des petits rôles aux grands rôles. Alexis Michalik considère tous les participants sur un pied d'égalité donc les saluts des comédiens se fait en une ligne dans distinction. Il fait aussi venir les techniciens et les musiciens. J'ai trouvé cette démarche très juste car ils font tous partie du spectacle.

Mais le plus inédit des comédies musicales, c'est le côté comédie. C'est un spectacle très drôle où on grossit le trait et où on joue sur plusieurs degrés d'humour. Un spectacle que je conseille et que je vais retourner voir !

Je m'attendais à voir un seul en scène proposé par Edouard Baer. Mais non, c'est une pièce de théâtre. Un comédien s'enfuit du théâtre d'à côté et se réfugie sur le plateau de la pièce Le dernier bar avant la fin du monde. Il rencontre le régisseur-acteur. Mais essentiellement, il nous parle du métier d'acteur, de ses difficultés, des textes et des auteurs qu'il aime.

J'ai adoré. C'est la première que je voyais Edouard Baer sur scène. La pièce est à la fois profonde et légère, à la fois drôle et émouvante. Le décor de ce bar de la fin du monde montre le bar ainsi que des coulisses. Cela représente bien la pièce qui se joue sur plusieurs plans. Il joue avec les accessoires comme le faux téléphone. J'ai aimé les changements de rythme avec des références au vaudeville et d'autres moments plus calmes et doux.

Cette pièce semble très personnelle, très intime où se mêlent fantaisie et réalité. Edouard Baer joue très bien et embarque toute une salle dans son univers, fait partager son amour du théâtre, des auteurs et des textes.

Pour mon retour au cinéma après 3 mois d'arrêt, j'ai fait fort en décidant d'aller Kinky Boots, le spectacle musical proposé à Londres en 2019 et non le film de 2005. Un spectacle vivant mais sur un écran de cinéma. Je me suis régalée.

Basée sur une histoire vraie, Kinky boots raconte l'histoire d'une entreprise britannique spécialisée dans les chaussures d'homme traditionnelles et qui se trouve en difficulté. Charlie n'avait pas prévu de reprendre l'entreprise familiale. Il veut vivre avec sa fiancée à Londres. Mais le décès de son père le pousse à revenir à Northampton. Il va revoir tous les visages des employés qu'il connait depuis son enfance. Il aimerait éviter de multiplier les licenciements. L'une des employés lui suggère de cibler une niche et de trouver de nouveaux produits

Lors d'un passage à Londres, il rencontre Lola, une drag-queen qui se plaint de la faible qualité de ses bottes et surtout de ses talons. Charlie va employer Lola comme designer et créer de nouvelles bottes coquines. Mais un drag-queen se retrouve à Northampton face à des moqueries et des rejets. Pourtant tous vont se donner au maximum pour assister au défilé de Milan.

Je ne connaissais aucun comédien, ni aucune chanson. Ce fut une totale découverte et je me suis beaucoup amusé. Les grandes thématiques sont bien sûr les chaussures, l'économie, les relations humaines et l'acceptation de soi. On n'y évoque pas l'homosexualité. Ce n'est pas le sujet. Le sujet est l'acceptation de soi et l'acceptation de la différence. On parle du genre, on s'interroge sur la définition de l'homme et de la femme. Est-ce que ce sont des vêtements ? Une attitude ? Des chaussures ?

Le spectacle a beaucoup d'humour. Les comédiens sont très justes et émouvants. Les chansons sont écrites par Cindy Lauper. Elles sont légères et entrainantes. Cela m'a donné la patate. Voir un spectacle sur grand écran n'est pas complètement le même plaisir que de voir dans une salle de spectacle. Ce n'est pas les mêmes émotions. En tout cas, je me suis régalé.