Le petit cler

Avant que je parle du restaurant, je vais vous narrer l'aventure aboutissant à ce lieu et à cette terrasse précisément.

Tout commence ce samedi entre 10h et 11h. Je me rends à un laboratoire, au métro Richard Lenoir. Lorsque le numéro 704 est appelé, je vois deux dames s'interrogeant sur ce qu'il faut faire et un homme avec le numéro 74 leur passer devant. Du coup, quand mon numéro 75 est appelé, je leur propose de prendre ma place et que je passerais ensuite. Comme le monsieur a vite fini, nous avons eu des guichets côte à côte. J'ai compris que c'était des anglophones cherchant à récupérer leurs résultats du Covid et que leur laboratoire situé à Parmentier était fermé le samedi. La guichetière leur indique qu'ici c'est le laboratoire C, alors qu'elles sont allées dans un laboratoire E et donc elle n'a pas accès aux résultats. Elle leur propose de chercher si un laboratoire E est ouvert un samedi dans Paris et leur indique une adresse et un numéro de téléphone. Je crois comprendre qu'elles ne voient pas comment appeler ou comment y aller. Je leur propose de les aider juste après avoir fait ma prise de sang. Histoire de ne pas être venue à jeun pour rien. Elles m'ont attendu dans la salle d'attente. Sur le chemin de la sortie, je les ai récupérées et nous sommes sorties sur le trottoir. En anglais, j'essaie de résumer la situation avant d'appeler le laboratoire E. L'appel commence par une boite vocale où il faut choisir les options en tapant 1, 2 ou 3 ; puis j'attends. La personne que je finis par avoir au téléphone, arrive à retrouver le dossier mais constate que sur internet, il n'est pas disponible et m'informe qu'elle s'en occupe et renvoie un SMS pour informer la patiente concernée. Je raccroche, essaie de tout raconter avec mon anglais hésitant. Tout en laissant l'option ouverte d'aller sur place pour demander l'impression des résultats. Je sens une inquiétude. Le SMS n'arrive pas et leur avion est demain. Je leur propose de les accompagner au laboratoire E ouvert jusqu'à 13h.

Nous voilà en direction de l'autre côté de Paris. Métro Richard Lenoir, ligne 5. Changement à Stalingrad. Ligne 2. Sortie Métro Victor Hugo. Je les guide jusqu'au laboratoire E. Je donne à l'accueil des documents avec les noms et identifiants des patientes et demande si elle peut imprimer les résultats car il y a souci sur les accès internet. Sans plus d'explication, elle imprime et nous tend les résultats. Ca y est ! Les touristes peuvent prendre leur avion et rentrer au Canada ! Elles sont soulagées. Vraiment. Un poids s'est évanoui d'un coup. Elles sont tellement reconnaissantes qu'elles me proposent de m'offrir à déjeuner et je leur propose de quitter le 16ème arrondissement. Je leur demande où avaient elles prévu de promener. Jen me parle de la rue Cler où une amie leur a parlé d'un marché avec un bon fromager. C'est reparti pour le métro. Ligne 2. Changement à Charles de Gaulle Étoile. Ligne 6. Bien ralentie mais avec vue sur la Tour Eiffel. Sortie La Motte Piquet Grenelle. Marche à pieds jusqu'à l'école militaire et la rue Cler (7ème arrondissement).

Dans la rue Cler, il n'y avait pas de marché. En fait cette rue est réputée pour tous ces commerces de qualité ; mais cela ne ressemble pas à un marché. En avançant dans la rue, je finis pas leur montrer un fromager au 31 rue Cler. Une adresse à retenir car la vendeuse leur a sélectionné 5 fromages de différentes régions françaises avec des goûts prononcés. J'ai pu goûter un fromage nommé Hercule, un mélange de 50% de chèvre et 50% de brebis, un régal. Pendant le règlement de la commande, elle a pris le temps de mettre les fromages par type de pâte (dure ou molle) et de les mettre sous vide pour résister au transport. Un service au top après une sélection variée et intéressante.

C'était l'heure du déjeuner. Je n'ai pas cherché bien longtemps et choisi une brasserie tout près du magasin. Je voulais surtout de la cuisine française pour qu'elles puissent goûter des plats de chez nous. Nous voilà installées sur la terrasse du Petit Cler. Le serveur distribue deux menus en version anglais et un en version française. On commande assez vite des boissons  : des bières pour les Canadiennes et un Soda pour moi. J'essaie de leur présenter quelques plats sur la carte. Notamment, la particularité d'une tartine. Elles imaginaient un sandwich mais je leur explique que c'était une tranche de pain et que le menu décrit les ingrédients dessus. D'ailleurs, Pam a choisi une tartine avec du chèvre. J'ai trouvé l'assiette très jolie et assez travaillée. J'ai choisi le plat du jour : du foie de veau avec de le purée maison. Jen m'explique qu'elle en mangeait, petite, et qu'elle avait un souvenir que c'était sec. Je tente de la convaincre que c'est la cuisson qui fait tout. Qu'il suffit de demander une cuisson medium pour éviter de sécher la viande. Elle finit par être convaincue et ose commander du foie de veau. Je passe la commande des deux foies de veau et je précise la cuisson à point pour Jen et plutôt bien cuit pour moi. Quand les deux assiettes sont servies, je ne suis pas convaincue qu'elles aient une vraie différence de cuisson .Ou alors c'est très léger. Légèrement plus rose pour Jean. Le foie de veau était recouvert d'une persillade très bonne. La purée était, comme disent les Anglophones, des patates écrasées (smashed potatoes). C'était vraiment bon. J'étais contente qu'elle ait osé goûter. Elle a même proposé un morceau à Pam pour qu'elle tente et elle a trouvé cela bon. Au départ quand j'ai traduit foie par liver, c'était une réaction de rejet. Il a fallu parler cuisson et leur dire que j'allais prendre ce plat et que je pouvais leur proposer un morceau, pour oser. Je suis contente de ce moment de partage. Mais en fait, ces quelques minutes représentent juste un extrait des 3 heures d'échanges, de partages et de curiosités. Nous avons parlé de tout, j'ai l'impression : enfants, chats, voyages, comédies musicales, métiers, confinement, travail et télétravail...

Et la conclusion, ce fut de se mettre en contact par facebook et un hug. En tout cas, cette rencontre m'a donné le sourire pour toute la journée. Je trouve cette aventure incroyable et géniale. L'aide que j'ai pu apporter ne me semblait pas si importante mais cela a soulagé leur inquiétude pour leur vol du lendemain et surtout évité de repayer un deuxième test covid. Solution évoquée par le laboratoire C, coûtant 70 € ; sachant que la veille, le test avait coûté 45€ et il ne manquait qu'une preuve des résultats. Je ne leur coûtais qu'un repas à 30 € environ. J'ai pris un dessert, une mousse au chocolat, très bonne, ainsi qu'une tasse de café. Elles ont beaucoup répété que je devais venir l'année prochaine les voir au Canada. Je leur dis que j'avais envie l'année prochaine d'aller à New York, voir Broadway. Elles me proposent, de faire escale au Canada après le séjour à New York. Je suis allée une seule fois au Canada, au Québec plus précisément. J'ai tellement aimé que je ne voulais plus repartir. J'avais 10 ans et j'étais fascinée par la nature, les grandes maisons, les grandes avenues... Tout m'impressionnait avec mes yeux de petite fille. J'ai envie d'y retourner, voir d'autres villes et d'autres lieux du Canada. Alors l'envie est là, on verra si cela se concrétise.

29 rue Cler, Paris 7.